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La chanson du temps

extrait de La Constellation du Cancer

C’était le temps de la vie qui s’élève,

Qui entraîne les cœurs à battre au millénaire.

C’était le temps de la mort téméraire,

Destinée par sa traîne à faucher les vieux rêves.

 

C’était le temps des hordes des rentiers,

Dans la rue déambulent, l’angoisse des fonctionnaires.

C’était le temps des rendez-vous de chair,

Où l’idylle chemine à travers les glaciers.

 

C’était le temps des bohèmes aux louanges,

Saupoudrées de baisers, versés comme des poèmes.

C’était le temps d’égruger des hymens,

A en craquer les veines et la candeur de l’ange.

 

C’était le temps du dépeçage amer,

Des mères allaitantes, et du maigre faisan.

C’était le temps de l’élan bienveillant,

Dirigé tendrement vers l’espèce étrangère.

 

C’était le temps des éclipses en cavale,

D’un corps de pierre et d’un cœur céleste,

C’était le temps d’un nouveau palimpseste,

A couvrir d’un froid capital la chaleur glaciale.

 

C’était le temps des familles en famine,

Du gras pour les reines et des graines pour les rats.

C’était le temps des banquets, de l’orgeat

Où l’or gît aux papilles de la pulpe nectarine.

 

C’était le temps, c’était le temps du temps ;

Le temps d’antan qui attend autant qu’il s’étend,

C’était le temps, c’était le temps, c’était le temps…

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