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Marionnette

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        Ce fil de soie, aussi frêle que la lame platine qui prolonge mes massacres, il transperce l’asthénie de mes paumes et la chair de mon dos. C’est un lien sacré que je maudis chaque jour qu’il m’ait offert la vie, ainsi que des yeux pour contempler l’abîme sanglant que je creuse, chaque jour encore un peu plus. Il est comme les lances d’une éruption ardente qui déteignent de flammes rougeoyantes sur mes ailes vierges de maux. Il dicte chacun de mes gestes, il me contorsionne et me plie à ses caprices, pervertis par la satisfaction de briser les côtes des hommes sans jamais en avoir à payer le prix.

 

Mes mains se creusent à chacun de mes coups, mes os deviennent des serres, ma peau s’oxyde et étouffe d’un acide immoral qui ronge ma foi. Je suis faite d’une poussière bannie par les sages, d’écailles impérieuses modelées pour le divertissement divin, et toute mon âme hâle de la sombre moquerie qui des cieux m’aveuglent.

Je suis la terreur de ceux qui se tordent le cou et qui lèvent les yeux pour me craindre ; de ceux qui n’ont pas reçu le don de percer les nuages pour voir plus haut.

Je suis le veule rejeton de ceux qui courbent une œillade altière depuis le paradis ; de ceux qui n’ont pas reçu le don de percer les cœurs pour voir plus beau.

 

Je suis une marionnette, un pion qui trucide et torture l'innocent et la mère,

Une marionnette, qui insuffle la peste et donne sa vigueur au cancer.

Je suis une marionnette, un esclave qui mène sa tâche comme l'on traîne le choléra.

Une marionette, un démon qui saigne par la fatalité de son rang

Je suis une marionette, une faux qui retire la vie, et que pourrais-je faire d'autre qu'attendre ma mort?

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